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Yann Besson, « luthier dans l’âme et dans les mains »

Yann Besson, « luthier dans l’âme et dans les mains »

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La revue VIDICI n°112, de septembre 2020, publie une double page sur Yann. L’article est disponible derrière le lien suivant : VIDICI / 112 / Yann Besson.

Voici également des extraits choisis.


 

Luthier dans l’âme et dans les mains

Certains savoir-faire nous paraissent exceptionnels , inatteignables, plus précieux que d’autres, mais Yann Besson porte un autre regard . Luthier installé aux Essards, son parcours, ses acquis, et ses doutes, donnent à réfléchir sur un processus de vie et une approche du travail qui relèguent à la seconde place technicité et performance.

Plaisir et gourmandise

À l’école de musique de Corme­Royal, point de mandoline. Yann se souvient : « À 9 ans, j’ai choisi le violon, peut-être parce que la professeure avait des chocolats à distribuer ; il ne faut jamais ignorer nos choix intuitifs ». Dès ce moment et pendant quatre ans, il ne cesse de jouer, sans jamais se disperser, mais sans vraiment étudier, pour le seul et intense plaisir de produire ce son qui vibre sous son menton et lui procure physiquement des émotions.

Une histoire de confiance

La demande qu’il formule à 13 ans d’entrer à l’école de lutherie de Mirecourt pose la question de l’éloignement, vite résolue : ils déménageront tous ensemble dans les Vosges.
« Quelle magnifique confiance mes parents ont-ils eu dans mon envie d’adolescent ! J’espère savoir en faire autant avec mes enfants » déclare celui qui est aujourd’hui papa. Après cinq années d’apprentissage dans le haut lieu de la lutherie en France, le jeune professionnel s’envole pour Londres.
Sept années à restaurer des instruments et à commencer à fabriquer les siens, et c’est le retour en France , en 2002, dans une maison de famille où il crée son atelier.

Amplifier la conscience et le son

Puisque le plaisir vient du son produit par le violon, l’enjeu pour Yann est de le rendre plus puissant : « Le métier de luthier m’a appris comment amplifier le son en jouant sur la déformation mécanique des cordes. Mais pour améliorer l’acoustique comme l’esthétique, plusieurs paramètres interagissent entre eux. Quand je fabrique un alto ou un violoncelle, je commence par me dire que je vais y arriver, puis que je vais le sauver, et enfin que je vais le terminer. La série des choix fait s’éloigne toujours de l’instrument idéal… qui n’existe pas, mais comme je comprends de mieux en mieux les interactions, je ne suis plus dans le seul feeling, j’agis en conscience et je cherche, toujours ».

lnatteignable perfection

Quête, espoir, utopie ? Yann Besson cherche à comprendre comment ça fonctionne, expérimente, recommence. Epicéa, érable, ébène : ces bouts de bois qu’il coupe, colle, rabote, ratisse, lime, ajuste, deviennent entre les mains du luthier, altos et violoncelles de haute qualité. De la centaine d’instruments fabriqués, il retient : « Il est important d’accepter de ne pas savoir ; le doute nous permet de chercher ».

Humilité et conviction

Parce qu’on l’a laissé choisir, l’enfant a pu transformer son centre d’intérêt en gagne-pain passionnant. Le professionnel insiste : « Il n’y a pas de sot métier. Lorsque le boire et le manger sont assurés, si quelqu’un a un intérêt pour quelque chose, qu’il le reconnaît en lui-même et trouve le courage de creuser dans ce domaine, alors il ne peut que trouver satisfaction, développer un réseau autour de lui, et à plus ou moins long terme, avoir un job à la clé ».

 

Lydia Labrue

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