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Hors série Métiers d’art en France – 2018

Hors série Métiers d’art en France – 2018

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Yann Besson est présent dans le Hors série Métiers d’art en France – 2018.
Texte Marie Lepesant / Photos Audrey Morisson

Vous pouvez cliquer sur les vignettes ci-dessous pour apprécier l’article ou en lire plus bas une copie.


Dans son atelier situé aux Essards, en Charente-Maritime, Yann Besson fabrique des altos, des violons et des violoncelles pour des musiciens du monde entier. Il cultive exigence technique et créativité pour faire rimer acoustique et esthétique.

C’est un concerto pour guitare et mandoline de Vivaldi qui a fait naître chez Yann Besson son goût pour la musique classique et un penchant particulier pour « la force et les respirations de la musique baroque ».
Ses parents l’inscrivent à l’école de musique municipale de Corme-Royal en Charente-Maritime pour répondre à son désir d’apprendre à jouer de la mandoline. Cet instrument n’étant pas enseigné dans cette école, il y suivra des cours de guitare et de violon pendant plusieurs années. Il a toutefois la joie de découvrir que les cordes d’un violon sont accordées de la même façon (sol ré la mi) que celles d’une mandoline. En paralelle de l’apprentissage de la musique, il passe beaucoup de temps dans l’atelier de son père, menuisier, à assembler et sculpter des objets en bois. Il se souvient encore aujourd’hui des « effluves de résine, d’orme ou de chêne et de l’odeur si particulière des bois sciés, rabotés, toupillés ou poncés ».
Cette rencontre simultanée avec le bois et les instruments à cordes le porte tout naturellement à vouloir devenir luthier. Et son envie d’« ouvrir » son violon pour en explorer l’intérieur, entreprise arrêtée in extremis, présageait déjà un certain goût pour la technique. À 15 ans, il passe avec succès les tests d’admission à l’École nationale de lutherie de Mirecourt, dans les Vosges.

Mirecourt et l’Angleterre

À Mirecourt, Yann Besson a acquis les techniques fondamentales de fabrication et de restauration des violons, altos, violoncelles, contrebasses et violes. « J’ai appris le travail du bois, le bon usage des outils tels que le rabot ou la gouge ainsi que la maîtrise de gestes efficaces dans un temps court », explique-t-il. Toujours amoureux de la mandoline, il a eu l’occasion de fabriquer une copie de Stradivarius dont il a sculpté le chevillier d’une tête d’ange joufflu. À l’issue de ces cinq années d’études, Yann Besson obtient un diplôme des métiers d’art avec distinctions du jury. Âgé de 20 ans, il continue son apprentissage dans des ateliers de lutheries de renom en France et à Hong Kong. Et il décide d’enrichir sa pratique au sein de l’un des principaux ateliers de Londres, Frederick Phelps Ltd, où il y restaure durant sept ans des violons, des altos et des violoncelles. Passe entre ses mains une multitude d’instruments très différents : de l’italien du XVIIe siècle aux contemporains, comme un instrument chinois réalisé dans les années 1980. Cette expérience a changé son regard sur le métier et lui a permis de s’émanciper de l’approche très technique de Mirecourt. « Si la fabrication d’un coffre de violon nécessite des compétences techniques, sculpter la téte d’un instrument laisse la place à la créativité. J’admire ainsi la force et la liberté des gestes de certains luthiers amateurs », reconnait-il.
En 2002, Yann Besson crée son propre atelier et fabrique depuis des altos et des violons pour des artistes internationaux. « Je propose à chaque musicien une esthétique de son avec une rondeur et une puissance particulières et je me charge ensuite de la technique pour aboutir au résultat acoustique demandé », raconte-t-il. Chaque création commence par le choix du bois : de l’épicéa, provenant des Alpes, et de l’érable, issu des forêts de Roumanie, sélectionnés pour leur qualité sonore et leur esthétique. Le tracé rigoureux et élégant du compas sur le bloc de bois détermine les dimensions de l’instrument répondant à un besoin acoustique propre.

Acoustique et esthétique

Le choix du bon outil, étape importante, permet par exemple d’enlever la matière au millimètre près. Lorsque Yann Besson crée un alto, il se préoccupe principalement de sa taille, de sa jouabilité et de l’amplification d’un son riche et profond. « Le rapport entre le coffre et la longueur de corde vibrante est crucial pour la qualité du son et le confort global de jeu », précise-t-il. Si, pendant vingt ans, Yann Besson a surtout conçu des altos, c’était pour se rapprocher à chaque fois un peu plus de la perfection, c’est-à-dire fabriquer un instrument capable d’amplifier les vibrations facilement et de limiter la pression d’archet nécessaire à la production d’un son de qualité.
« C’est intéressant de fabriquer deux altos en même temps car cela permet de comparer le son de chacun des instruments et leur réponse sous l’archet », note-t-il. C’est récemment que le luthier a entrepris de fabriquer des L’atelier aux Essards (Charente-Maritime) où Yann Besson conçoit tous ses violons, altos et violoncelles.
violoncelles, ayanèattendu de savoir en jouer pour mieux juger de la qualité acoustique de l’instrument. En termes d’esthétique, Yann Besson a fait un choix particulier au niveau des finitions en optant pour un vernis plein alors que la plupart sont recouverts d’un vernis volontairement usé selon les canons du XVIIIe siècle. Le travail solitaire de l’atelier prend fin au moment des réglages. « Je peux changer l’âme, le chevalet ou les cordes pour faire varier la qualité du son sans impacter l’instrument », explique-t-il. Le luthier tisse avec les musiciens une relation qui s’inscrit dans le temps. Il va à leur rencontre lors de salons ou de festivals de musique pour entretenir, régler ou réparer leurs instruments et leur montrer ses nouvelles créations en cours.
En parallèle, Yann Besson travaille avec des marchands à Londres et Lisbonne pour développer son réseau. Le métier de luthier nécessite au moins une quinzaine d’années d’apprentissage et se faire reconnaître presque autant.
C’est pourquoi Yann Besson peut se féliciter d’avoir été récompensé par ses pairs au concours International’ Viola 2016, organisé par l’Association franco-européenne de l’alto.
Le jury composé de luthiers et de musiciens a apprécié, pour ses qualités sonores et de lutherie exceptionnelle, l’un de ses altos.
Mais Yann Besson assure qu’il n’a pas fini d’apprendre et qu’il poursuit inlassablement sa quête de la perfection.

Texte Marie Lepesant

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